L’Observatoire de Meudon a été fondé par Jules JANSSEN, astronome membre de l’Institut, en 1876.

La seconde moitié du siècle dernier fut marquée par la découverte de l’analyse spectrale et l’introduction de la technique de photographie céleste. Un immense domaine de recherches, que l’on baptisa "astronomie physique" par opposition à la "science mère" où la géométrie et la mécanique céleste sont reines, était né (on l’appellera plus tard astrophysique).

Cette nouvelle branche, où dominent la physique et la chimie, semblait suffisamment riche pour se "détacher du vieux tronc" et pousser à part entière en se développant rapidement dans un sol bien à elle, c’est-à-dire dans un observatoire spécifique.

Les premières initiatives en ce sens de Jules Janssen, qui s’était illustré brillamment en démontrant la possibilité d’observer les protubérances solaires hors éclipses grâce à la spectroscopie, remontent à 1869 et furent anéanties par la guerre. Ce n’est qu’en 1874 que le gouvernement promit d’étudier la question d’un observatoire d’astronomie physique et soumit le projet à l’Académie des sciences pour examen et avis. Une décision favorable fut prise l’année suivante par le ministre de l’Instruction publique et un crédit de 50 000 francs fut débloqué pour parer aux premiers frais. L’Observatoire fut installé provisoirement au boulevard d’Ornano à Paris, là où Janssen préparait ses missions d’éclipses.

Deux domaines de l’Etat pouvaient se prêter à une installation d’envergure : la Malmaison ou Meudon. Ce dernier site fut choisi ; outre les deux terrasses, il comprenait Chalais (qui fut attribué au service des ballons militaires), la Glacière (qui devint la station Berthelot de chimie végétale) et l’avenue de Bellevue. Les bâtiments étaient occupés par l’armée et le parc servait "aux exercices scolaires de nos collégiens parisiens et à des sociétés de cyclistes".

L’entrée à Meudon se fit en 1876, dans des baraques de récupération. Jules Janssen présenta alors au gouvernement un projet comprenant la restauration du Château incendié et des Communs, ainsi que la construction de coupoles et d’instruments. Les Communs devaient abriter la direction, la bibliothèque, les bureaux et les laboratoires. Le projet fut examiné favorablement par la Chambre et le Sénat qui attribuèrent la somme de 1 035 000 francs dont 45 % émargeant au budget de l’Instruction publique et 55 % au budget des Travaux publics, répartis sur les exercices 1879, 1880 et 1881.

Le tome premier des annales de l’Observatoire de Meudon nous décrit les instruments et laboratoires existant sur le site il y a plus de cent ans :

  • La Grande Coupole de 18 m, érigée au dessus du Château partiellement démoli et restauré, et abritant la fameuse Grande lunette dont l’optique à deux objectifs est l’oeuvre des frères Henry de l’Observatoire de Paris (objectifs de 83 et 62 cm d’ouverture et d’environ 16 m de focale). Une plateforme d’observation, solidaire de la coupole et diamétralement opposée à la trappe, roulait verticalement sur deux rails en arc de cercle, permettant les observations dans toutes les positions de la lunette (ce système initial sera modifié dans le temps à plusieurs reprises jusqu’à la mise en place d’un plancher mobile en hauteur). La coupole et la plateforme étaient mues par des moteurs électriques, l’électricité étant produite par une machine à gaz de 8 chevaux, placée dans les Grandes écuries, couplée à une dynamo et à une batterie d’accumulateurs.
  • Un laboratoire de spectroscopie des gaz, situé dans les Grandes écuries, pour l’étude des raies d’absorption des gaz à haute pression ou haute température, en particulier ceux entrant dans la composition de l’atmosphère terrestre. Les tubes de gaz comprimé atteignaient 60 m de long, pour un diamètre intérieur d’une dizaine de centimètres et pouvaient supporter plusieurs dizaines d’atmosphères.
  • Deux petites coupoles de 7,50 m abritant, pour l’une un télescope de Newton de 1 m d’ouverture et 3 m de focale (optique des frères Henry), et pour l’autre une lunette de photographie solaire donnant une image de l’astre de 30 cm de diamètre. À ces coupoles étaient accolées des bâtisses légères épousant leur forme circulaire et formant des cabinets de travail et des chambres à coucher pour les observateurs.
  • Une petite coupole de 5 m, abritant un petit équatorial de 8 pouces ainsi qu’un sidérostat polaire de 30 cm.

Rappelons enfin que l’observatoire de Meudon a été rattaché à l’Observatoire de Paris en 1926.